Le fil fragile du potager des Tanneurs…

le 4 août 2014

Il y a à peine quelques mois (en mars dernier), Léonard Clarys qui habite le quartier des Tanneurs décide d’investir en espace potager un chancre urbain  situé en face de chez lui, au croisement des rues des Tanneurs et de la Querelle. L’espace est modeste, on y trouve à l’époque quelques arbres, crottes de chiens et immondices.

Très vite, le projet devient collectif. Des enfants du quartier, curieux et intéressés, participent à la réalisation et l’entretien du potager mais aussi à l’aménagement de l’ensemble de ce petit espace. Ils fabriquent nombreux (ils seront parfois une trentaine à y participer en une journée) des bancs et table avec du bois de récupération et c’est avec beaucoup de débrouille et de motivation que l’endroit se transforme très rapidement en espace de rencontre pour les gens du quartier. Ce n’est que plus tard que Léonard apprendra que le terrain qui appartient à la commune de Bruxelles est voué à un projet de construction de logements sociaux.

Depuis deux mois environ, les défenseurs du projet tentent de dialoguer avec les politiques et le foyer bruxellois sur l'intérêt de maintenir le lieu en espace vert et citoyen. Le groupe ne réfute pas la nécessité criante de développer des logements sociaux à Bruxelles mais défend que ce qui s’est créé là de manière tout à fait informelle tient du petit miracle et est grandement lié à sa situation géographique, permettant le dialogue entre le haut et le bas des Marolles. Malgré leurs arguments, il leur a été répondu qu’il n’était pas concevable d’arrêter le projet de construction parce qu’à ce stade, cela impliquerait de dédommager les promoteurs immobiliers. Toute la question pour Léonard est de savoir si ces 10% environ de dédommagement ne pourrait pas être considéré comme de l’argent symboliquement injecté dans un vrai projet de cohésion sociale (pour une fois, le terme n’est pas galvaudé ici) et dans la santé mentale des habitants du quartier. Pour la première fois en effet, le besoin d’un espace pour respirer et être ensemble a été rencontré par ces derniers. La proposition qui leur a été faite est de construire des bacs pour potager au pieds des tours des Marolles. Malheureusement, cette compensation est bien loin de remplacer les bienfaits du potager des Tanneurs. Loin d’être un projet institué, il a toute la saveur d’une initiative citoyenne et locale: c’est l’appropriation et la participation des gens qui en sont à l’origine. Et puis, les bacs à potager ne remplacent ni les arbres, ni la pleine terre du potager actuel. Sans oublier qu’au delà du projet de potager qui devient presque un prétexte, il y a surtout un lieu de rencontre, un peu sauvage, investi et rebaptisé par ses acteurs “la petite Amazonie”. Le 2 août dernier, ils fêtaient une dernière fois le potager et ce qu’il a apporté au quartier.

Même si le chantier, toujours à l’ordre du jour, commencera légalement le lundi 18 août prochain, je vous invite à marquer le coup doublement:

-en signant la pétition pour montrer par le nombre que ces initiatives locales sont précieuses et valent souvent plus que n’importe quel autre projet politique pensé de l’extérieur pour un quartier:

https://14609.lapetition.be/

-en venant le 18 août dès 9h sur place pour assister, soutenir, voir ce qui s’y passe.

D’ici-là, je vous conseille d’y passer. Si par hasard, vous n’y trouvez personne, respirez l’ambiance de ce lieu conçu par les gens. J’y ai compris beaucoup de choses sans même devoir parler à personne: de fins fils de laine délimitent les espaces du potager. Fragiles, ils sont toujours là, à quelques centimètres du sol et symbolisent bien la force d’un tel projet: né des gens, de leur envie et de leur besoin, il est respecté et investi par chacun. Notez cela, chers politiques, ça ne se reproduit pas à la carte!

Plus d’infos:

-facebook

-Léonard: leonard.clarys@gmail.com

ou 0476/63 54 23

 

Ci-dessous un film sur la question

Cadrage/montage : Dimitri Vanham
Prise de son : Marc Alberisio

Video: