Expérimenter un "coin papote"
Le 1er mai, le quartier est en fête: activités en tous genres, brocante, concerts, hamburger, gauffre chaude ou encore thé à la menthe sont de la partie.
La petite rue Dethy croule sous les babioles qui attendent acquéreurs et est envahie par des odeurs de barbecue, prêt à griller merguez et chipolata depuis les 9 heures du matin.
Nous sortons, sur notre bout de trottoir, quelques petites tables et chaises, posons sur la rue un “trompe l’oeil” de tapis couleur “rouge-attire l’oeil” et un panneau improvisé le matin même sur lequel il est écrit ceci: “une pause dans vos achats? Ici, c’est le COIN PAPOTE (où on parle, on se raconte des trucs,...)”. Ca étonne au départ ce drôle de “stand”: nous lisons dans les regards des interrogations du type: qu’est-ce que c’est qu’cette enroule? il doit bien y avoir quelque chose à vendre? Certains lisent et relisent le panneau, d’autres nous scrutent du coin de l’oeil.
Du thé, des jus de fruits et quelques “bonjour, je peux vous offrir quelque chose à boire?”. C’est parti. Les passants de tous horizons se prennent au jeu, s’assoient et papotent avec nous. Mais de quoi? me direz-vous. En vrac: D’où l’on vient, du diabète, du ramadan, du TTIP, de la rénovation de maison, du peignoir à faire raccourcir au Repair Café parce qu’à cause de notre rhumatisme dans les mains, on n’est plus capable de coudre,...
Des choses nous échappent (tant mieux): l’effet du faux tapis posé sur le sol, par exemple, qui devient pièce maîtresse de notre “coin papote”. Simple surface plastique, imitant les motifs d’un tapis à la peinture acrylique, destiné à attirer l’attention, il devient objet précieux sur lequel personne n’ose marcher (encore pardon à tous ceux qui ont eu une frayeur à l’idée d’avoir foulé une oeuvre d’art).
Quoi qu’il en soit, une chose est certaine: beaucoup ont compris que nous n’étions pas “marchands de tapis”. Pour notre part, nous retenons ceci: une fois le doute dépassé, la papote a bien lieu, beaucoup de choses se racontent qui ne se limitent pas, n’y voyez aucun mépris, à la pluie et au beau temps ou à la philosophie de comptoir!